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  • : Présentation d'attractions de pré-cinéma, du XVIIe siècle à nos jours : optique, lanterne magique, image animée, théâtre, ombres chinoises, cinématographe ancien, photo en relief, 3D
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En ce jour de Noël 1892, une animation inhabituelle règne à la Préfecture des Pyrénées-Orientales. Le Préfet Bonhoure et son épouse viennent «d'introduire à Perpignan la fête de l'arbre de Noël". Goûter, sapin et illuminations émerveillent les jeunes invités et leur famille. Plus encore, sous leurs yeux éblouis va se dérouler une séance de lanterne magique !

Lanterne magique : l'arbre de Noël à la Préfecture de Perpignan en 1892

"PERPIGNAN. L'arbre de Noël à la Préfecture"

"Vendredi, à 4 heures du soir, a eu lieu, dans les salons de la préfecture, la fête enfantine donnée par M. Bonhoure, notre si sympathique préfet, sa charmante épouse, Mme Bonhoure, et leur jeune fils, René Bonhoure, aux employés de la préfecture et à quelques intimes.

Nous remarquons dans l'assistance, M. le général de division Prud'homme et Mme Prud'homme, M. Chomereau-Lamothe, trésorier-payeur général, et Mme Chomereau ; M. Allenet, directeur de l'enseignement, et Mme Allenet ; M. Descamps, secrétaire général, les conseillers de préfecture, les chefs de division de la préfecture, le lieutenant Bonifas, des représentants de la presse, etc.

M. et Mme Bonhoure reçoivent les invités et font les honneurs de leurs salons avec leur bonne grâce et leur amabilité habituelles.

Les bébés sont conduits à 4 heure et quart dans la vaste salle à manger de la préfecture où un succulent goûter leur est servi.

Le jeune René Bonhoure préside et il est tout à fait charmant pour ses petits invités. Les mères de famille, rayonnantes de joie, se tiennent derrière leur progéniture.

Dans un coin de la salle, un buffet a été dressé pour les invités.

M. Ferdinand Fontanés, le nouveau chef de cabinet, beau-frère de M. Bonhoure, en fait les honneurs avec un empressement et une affabilité extrêmes.

Après le goûter a lieu une séance de lanterne magique. M. le docteur Purrey, l'infatigable inspecteur des enfants assistés, raconte avec une verve étincelante les histoires de Peau d'âne et de Cadet Rousselle qu'il émaille de quelques observations spirituelles. Pendant ce temps, M. Fontanès, toujours sur la brèche, fait défiler aux yeux des enfants émerveillés, les divers personnages de ces contes extraordinaires.

Lanterne magique : l'arbre de Noël à la Préfecture de Perpignan en 1892

Enfin, les portes du grand salon rouge s'ouvrent à deux battants. L'arbre de Noël, un magnifique sapin, apparaît aux yeux de l'assistance émerveillée qui applaudit à tout rompre et ne cesse de pousser des cris d'admiration.

Dans les branches du sapin on a placé des petites bougies allumées qui produisent un effet magique. Des jouets de toute sorte, des friandises de toute manière et pour tous les goûts, sont accrochés aux branches. C'est féérique.

Mme et M. Bonhoure font une ample distribution de jouets à leurs jeunes invités. Après quoi tous les bambins se précipitent sur l'arbre de Noël, qui est dépouillé en un clin d’œil de ses joujoux et de ses bonbons.

A 5 h 1/2, les invités, jeunes et vieux, prennent congé de M. et Mme Bonhoure, enchantés de cette magnifique fête dont ils garderont longtemps un agréable souvenir.

M. et Mme Bonhoure n'ont pas oublié les malheureux.

Ils ont envoyé aux enfants pauvres de l'hospice de la Miséricorde plusieurs corbeilles de jouets et de gâteaux. Il serait à souhaiter que l'exemple donné par M. et Mme Bonhoure fût suivi l'an prochain et que des arbres de Noël soient dressés pour les enfants de la Miséricorde ou du Sanatorium de Banyuls-sur-Mer, qui restent enfermés, seuls avec tristesse, pendant que leurs camarades s'amusent.

D'ailleurs, notre dévoué préfet a trouvé immédiatement des imitateurs.

Hier, M. Allenet, directeur de l'enregistrement, et Mme Allenet ont dressé un arbre de Noël pour 50 enfants pauvres de leur quartier.

Avant de terminer, nous tenons à remercier et à féliciter M. et Mme Bonhoure d'avoir eu l'heureuse idée d'introduire à Perpignan la fête de l'arbre de Noël."

(La République du Midi, 1er janvier 1893)

 

A notre tour, remercions les acteurs de cette soirée de l'heureuse initiative qui nous donne l'occasion de passer une heure en compagnie du préfet Bonhoure et de son épouse en ce Vendredi 25 décembre 1892.

Les acteurs de la soirée

Né à Shangaï d'un père missionnaire évangélique d'origine gardoise, Adrien Bonhoure (1860-1929) fit carrière dans le corps préfectoral puis dans l'administration coloniale.

Avocat au barreau de Paris, chef de cabinet de Charles Floquet (président du conseil et ministre de l'Intérieur), Adrien Bonhoure exerça les fonctions de préfet des Pyrénées-Orientales du 22 mars 1889 au 31 décembre 1895, avant de poursuivre sa carrière en métropole (Mayenne, Vienne, Haute-Loire et Vosges) puis dans l'administration coloniale à partir de 1906 comme gouverneur de la Réunion, puis successivement de la Nouvelle-Calédonie, des Établissement français de l'Océanie et de la côte française des Somalis.

Adrien Bonhoure épousa à Paris, le 20 février 1890, Marie-Amélie Fontanes (1862-1913) qui lui donna quatre enfants en cinq ans : René, Marcel, Suzanne et Jeanne.

Le petit René Bonhoure, qui préside la table des jeunes invités en ce Noël 1892, est donc un tout jeune enfant puisqu'il est né le 8 août 1891 à Perpignan ! Sa vie sera brève : affecté sur le cuirassé Marceau pendant la 1ere guerre mondiale, il décédera le 18 octobre 1918 à l’hôpital français de Rome.

Habile à manier la lanterne magique pendant la fête de l'arbre de Noël, Ferdinand Fontanés, alors chef de cabinet et beau-frère du préfet Bonhoure qu'il suivra en Corse, poursuivra également une carrière de haut-fonctionnaire. Nous retiendrons qu'en Occitanie, il fut Chef de Cabinet du préfet du Tarn de 1896 à 1898. Après une carrière en métropole, il fut nommé TPG des colonies au Dahomey. L'histoire ne dit pas s'il eut encore l'occasion de faire défiler les plaques de verre de Peau d'âne et de Cadet Rousselle devant les yeux émerveillés des enfants…

La projection de lanterne magique

La lanterne et les plaques qui illuminèrent cet après-midi de Noël appartenaient-elle au docteur Purrey, à M. Fontanes ou au préfet Bonhoure ? L'on reconnaîtra dans les contes de Peau d'Ane et de Cadet-Rousselle le répertoire habituel édité chez Lapierre à l'usage des familles, sous la forme de longues plaques de verre au dessin vivement coloré, entourées de la traditionnelle bordure de papier vert.

La lanterne était-elle un lampadophore ou une lanterne carrée comme illustrée sur notre chromo ? Un projecteur de la toute nouvelle maison Mazo ? Pour un usage public et dans le cadre d'activités caritatives, la lanterne  pourrait provenir de la Maison de Bonne Presse, crée en 1873 à l'initiative du père d'Alzon, fondateur des Augustins de l'Assomption, éditrice du Pèlerin et de La Croix et très engagée dans la diffusion des projections lumineuses.  L'histoire n'a pas retenu ce détail mais, cent trente ans après, le récit qui nous est fait de cette projection demeure un précieux témoignage de la présence d'une lanterne dans les salons d'une préfecture d'Occitanie, bien avant les expositions de pré-cinéma organisées par Les Machines du Fantasmagore !

Lorraine Aressy - déc. 2020

 (reproduction interdite sans accord préalable) 

Journées européennes du Patrimoine - Préfecture de région Occitanie - Toulouse

Journées européennes du Patrimoine - Préfecture de région Occitanie - Toulouse

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Les attractions foraines :
le cosmorama Rey en 1829

le diorama du Casino des Beaux Arts en 1842

 . le diorama place Lafayette en 1844


Les spectacles de projection :
fantasmagorie et physique amusante  (1820-1858)
. Pierre Rochette, un montreur de lanterne magique à Toulouse (1827-1853)
fêtes caritatives et lanterne magique enfantine (1850-1880)
. les conférences illustrées (Trutat 1885-1900)

La vente d'appareils :
opticiens, photographes : Bianchi, Patin et Lacaze (1825 - 1880)

. les objets primes : le lampascope


et en plus :
ceci vous représente... l'histoire d'une famille de montreurs d'optique ambulants par Adrien Bouvard, ancien directeur du Théâtre du Capitole de Toulouse (1883)

zograscope et polyorama à Toulouse... dans les années soixante au musée Paul-Dupuy

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Published by machinesdufantasmagore